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Peut-on capturer un essaim en jouant de la musique
Durant notre voyage au Burkina Faso du 22 février au 03 mars 2018 avec l’association « Vie et Partage » de Montélimar. Nous avons eu la chance de rencontrer les apiculteurs du village de Tanguin et de partager nos connaissances.
Lors de la question des essaimages, j’ai provoque le fou rire général du village, quand j’ai raconté que nous pouvons capturer des essaims d’abeilles volant dans le ciel juste en tapant sur une casserole. Mais je me dois de vous donner quelques explications à ce sujet :
Je sais, vous me voyez déjà avec ma flûte comme un charmeur de serpent. Mais l’histoire était très sérieuse dans le temps. Je vous confie la recette.
La coutume de faire de la musique (si cela peut s’appeler ainsi), c’est-à-dire de frapper sur un instrument sonore, casserole, poêlon, etc., à la sortie d’un essaim, remonte à une très haute antiquité….au droit Romain.
Le droit Romain qui régissait toutes choses, avait prévu que lorsqu’un essaim sortait d’une ruche d’un « mouchier » (apiculteur), le propriétaire de la ruche avait un droit de suite. Il pouvait pénétrer sur des terrains appartenant à des tiers pour récupérer son essaim. Mais à cette époque, les petits larcins étaient fréquents. Aussi, pour bien prouver que le mouchier poursuivait un essaim et n’avait aucune intention malhonnête, le mouchier faisait du bruit en tapant sur un objet métallique. Comme les mouchiers avaient une réputation d’être un peu sorcier, les autres paysans pensaient que c’était un « truc » des mouchiers pour faire se poser les essaims…
En 1941, la revue « le chasseur français » publie un article sur ce sujet suite à la question d’un lecteur :
Un correspondant nous pose cette curieuse question : « Les abeilles aiment-elles la musique ? » On serait tenté de le croire en lisant le fait suivant que rapporte un journal : « La famille X ..., en rentrant chez elle, après une courte absence, constata avec effroi qu’un essaim d’abeilles avait envahi la maison. Les mouches volaient de tous côtés, que faire ? La jeune fille eut une idée, elle alla droit au salon et se mit à jouer sur le piano une romance. L’effet fut en quelque sorte magique, les abeilles se portèrent à quelque distance de la maison et se groupèrent sur un arbuste, où un apiculteur vint les cueillir sans difficulté. »
Alors Légende ou Réalité ?…
Il semble bien, en effet, que de tout temps on ait reconnu le droit pour l’apiculteur de suivre l’envol de ses essaims et de les revendiquer en quelque endroit qu’ils se posent, alors même que ce serait sur le terrain d’autrui. En France, dans les années 1880, la législation s’en mêlent et publie même un texte de loi : L’article 9 de la loi du 4 avril 1889, qui ne fait que reproduire sur ce point la loi du 28 septembre 1790, s’exprime ainsi :
« Le propriétaire d’un essaim a le droit de le réclamer et de s’en ressaisir tant qu’il n’a pas cessé de le suivre. »
Autre sujet intéressant sur l’article : Il est question des sens des abeilles et en particulier de L’ouie.
« D’aucuns ont prétendu que les abeilles étaient dépourvues du sens de l’ouïe et que, par conséquent, la musique leur était parfaitement indifférente. Mais ils ne contestent pas que les abeilles sont sensibles au bruit, qu’elles sentent, disent-ils, par la commotion que celui-ci produit sur leur système nerveux.
C’est trancher un peu vite la question. Est-il bien prouvé que le sens de l’ouïe fait défaut chez l’abeille ? Parce qu’on ne sait pas où se trouvent les organes auditifs chez notre insecte, est-ce une raison pour lui refuser toute aptitude à l’audition ? Pourquoi ce sens ne se trouverait-il pas, comme celui de l’odorat, dans les antennes, dont le rôle de certaines parties est encore indéterminé ? »
Quelques années plus tard, les travaux de recherches de Karl Von Frish apporteront des éléments de réponses sur la communication entre les abeilles et leurs organes des sens. Je vous conseille d’ailleurs de lire le livre « Vie et Meurs des abeilles ».
Mais revenant à notre musique ?
Les abeilles sont très sensibles au changement météo et en particulier à la pluie, mais aussi aux orages et au bruit du tonnerre. Aux premiers signes de changements de climats, elles rejoignent la ruche.
Lors d’un essaimage, l’humain stimule donc le tonnerre en tapant sur une casserole afin de faire poser les abeilles sur un arbre.
Conclusion
Nous avons essayé à plusieurs reprises cette technique qui s’est avéré efficace pour notre part.
Nous sommes preneurs de vos retours à ce sujet. Nos abeilles ont encore tellement de choses à nous apprendre!